Pour se mettre en marche, il suffit d’avoir 5% de réponses à ses questions ;
Mike Horn
les 95% restants viennent le long du chemin.
Ceux qui veulent 100% de réponses avant de partir, restent sur place.
C’est l’ascension qui nous rend heureux, celle que l’on prépare, jour après jour, avec discipline. Se concentrer sur la gestuelle, faire des exercices de renforcement, se lever pour la séance programmée, renoncer aux excès de sucres, identifier ses craintes pour les surmonter, dépasser ses rêves de succès et sa peur de l’échec pour rester dans le présent ici et maintenant… Voilà ce qui rend heureux, quel que soit l’activité ! Savourons la quête, plus que l’aboutissement. Avec de la patience, du début à la fin, et de la ténacité tout au long, un homme peut voir se réaliser ses idées les plus folles.
Eric Orton
La course a été le premier des beaux-arts, notre première œuvre créative. Bien avant de tracer des images sur les murs des grottes ou de frapper des troncs creux en rythme, nous excellions dans l’art de coordonner le souffle, l’esprit et les muscles pour évoluer avec fluidité, en terrain accidenté.
Christopher Mc Dougall
Et quand nos ancêtres firent leurs premières peintures rupestres, quels en furent les motifs ? Un trait oblique, des éclairs jaillissants au milieu et en bas : Voici l’homme qui court !
La course de fond était vénérée parce qu’indispensable. C’était la clé de la survie, de l’épanouissement et de la conquête de la planète. On courait pour manger et pour ne pas être mangé, on courait pour trouver une compagne et pour l’impressionner, et on courait avec elle pour commencer une nouvelle vie ensemble. Il fallait aimer courir, où on ne vivait pas assez pour apprécier le reste. Il s’agit d’une nécessité ancestrale inscrite dans nos gênes.
Christopher Mc Dougall
Nous sommes nés pour courir. Nous sommes nés parce que nous courons. Nous faisons tous partie du peuple qui court.
Bien que les humains soient conçus pour marcher la plupart du temps et pour courir à l’occasion, les pièces dont nous sommes faits correspondent davantage au groupe des coureurs. Le chimpanzé est l’exemple le plus classique de l’animal marcheur, mais c’est aussi notre plus proche cousin. Après six millions d’années d’évolution distincte, nous partageons toujours 95% de notre ADN.
Mais ce que nous ne partageons pas, c’est le tendon d’Achille qui relie le mollet au talon. Nous en possédons un, mais les chimpanzés n’en ont pas. Nos orteils sont courts et droits, ce qui aide à courir. Quant au fessier, le nôtre est énorme alors que les chimpanzés n’en ont pratiquement pas.
Nous avons également un tendon méconnu qui se trouve derrière la tête et que l’on appelle ligament nuchal. Il sert à stabiliser la tête quand un animal se déplace rapidement. Un marcheur n’en a pas besoin. Les grosses fesses ne sont utiles que pour courir. Elles restent tendres et molles lorsque l’on marche et se raffermissent lorsque l’on se met à courir. Le boulot de notre fessier, est d’empêcher que le haut du corps ne tombe vers l’avant.
L’australopithèque, notre ancêtre semi-simiesque de 4 millions d’années n’avait ni tendon d’Achille, ni ligament nuchal. Ils sont apparus 2 millions d’années plus tard chez l’homo Erectus. L’arrière du crâne de l’homo Erectus présentait un petit creux pour accueillir le ligament nuchal. Au fil du temps, le corps humain s’est doté des principales caractéristiques des animaux coureurs.
L’être humain, comparé à d’autres espèces, hommes et femmes sont assez semblables. Nous faisons pratiquement la même taille, nous avons pratiquement la même forme et le même arsenal biologique. A la différence des mâles d’autres espèces, les hommes n’ont ni cornes, ni griffes, ni bois et les femmes ne paraissent pas minuscules à côté d’eux. La différence de poids n’est que de quinze pour cent et pas de cinquante comme chez les gorilles.
La similarité est une nécessité parce que, pendant la majeure partie de notre existence, nos boulots ont été les mêmes. En tant que chasseur-cueilleur, l’être humain a survécu pendant des millions d’années en prospectant en groupe à la recherche de plantes comestibles, de racines accessibles et d’animaux à chasser. Nous le faisions ensemble et en couple. Les humains ont un compagnon ou une compagne à la fois, qu’ils choisissent sans violence.
Il existe deux types de grands coureurs : les sprinters et les marathoniens.
Pour l’être humain, la course était certainement un moyen d’aller loin, pas vite. Cela expliquerait pourquoi nos pieds et nos jambes sont si fermes et si bien dotées en tendons élastiques. Ces tendons élastiques emmagasinent et restituent l’énergie, exactement comme l’élastique qui fait tourner l’hélice des avions en balsa. Plus on l’entortille et plus l’avion va loin. De la même manière, plus on étire les tendons, plus on obtient d’énergie lorsque la jambe se détend et revient en arrière.
Si on devait concevoir un engin capable de courir sur de longues distances, voilà ce dont l’on aurait besoin ; plein d’élastiques pour accroître l’endurance. Courir, c’est comme sauter d’un pied sur l’autre. Les tendons ne sont pas utiles pour marcher, mais formidables quand il s’agit de sauter.
L’être humain a également une foulée plus longue que celle du cheval. Le second semble faire d’immenses enjambées, mais ses sabots repartent vers l’arrière avant d’avoir touché le sol. Résultat : bien que les humains fassent de petites foulées, ils couvrent plus de distance qu’un cheval à chaque pas, ce qui les rend plus performants. Avec la même quantité de carburant, un être humain peut donc théoriquement allez plus loin.
Peut-être, sommes-nous nés pou devenir les plus grand marathoniens du monde !
Les humains sont réellement obligés de pratiquer une activité aérobie pour se maintenir en bonne santé et c’est profondément ancré dans l’histoire de notre évolution. S’il y a bien un remède miracle pour rester en bonne santé, c’est la course.
Remède miracle ? La dernière fois qu’un scientifique a utilisé cette formule, il venait de découvrir la pénicilline. Si les chaussures de course à pied n’avaient pas existé, il y aurait plus de coureurs. S’il y avait plus de coureurs, il y aurait moins de décès dus aux maladies cardiaques, aux infarctus du myocarde, à l’hypertension, aux embolies, au diabète et à la plupart des malaises mortels qui affectent les pays occidentaux.
La connaissance du monde passe d’abord par les pieds.
Les être humains ont besoin d’être toujours conscients des dangers qui les entourent. Cette tension qui monte après des minutes d’immobilisme, c’est notre corps qui nous pousse à nous lever et à jeter un coup d’œil autour de nous. Et c’est la même chose pour les pieds. Si on ne les laisse pas faire leur travail, dire aux genoux et au dos quand ils peuvent se détendre, notre corps se raidit et provoque des douleurs. nos pieds nus sentent quand nous sommes en équilibre et sur un terrain stable, ce qui leur permet de faire savoir au reste du corps qu’il n’y a rien à craindre et qu’il peut se détendre.
Beaucoup de blessures du pied et du genou dont nous souffrons sont dues en fait aux chaussures qui affaiblissent nos pieds. Jusqu’en 1972, date à laquelle la chaussure moderne a été inventée, les gens couraient avec des modèles aux semelles très fines, ils avaient des pieds forts et beaucoup moins de blessures aux genoux.
Le cas de Philippidès est aussi parlant.
En 490 avant J.C., il aurait couru plus de 10 marathons bout à bout et d’une traite en passant par la montagne, ce qui lui aurait pris trois jours. Ce n’était toutefois pas un cas à part, puisqu’il appartenait à l’unité des hémérodromes, ceux « qui peuvent courir toute la journée », des messagers à pied plus rapides que les chevaux en terrain difficile, et plus résistant à la chaleur. Quand Athènes fut attaquée à la bataille de Marathon, Philippidès courut 490 kilomètres aller-retour pour aller demander l’aide de Sparte.